« Le Nico-Bar a été créé en 2018 dans l’objectif de mettre sur pied une campagne adaptée aux jeunes adultes. Les programmes alors disponibles sur le marché ciblaient davantage une clientèle un peu plus âgée », explique Michèle Fyfe, gestionnaire et responsable du projet Nico-Bar, à la Société canadienne du cancer.
Or, si la tendance est à la baisse chez les jeunes en ce qui concerne les produits du tabac, le vapotage, lui, gagne en popularité chez cette même clientèle. Selon l’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine, réalisée en 2021, 30% des jeunes de 15 à 24 ans ont déclaré avoir vapoté au moins une fois au cours des 30 jours ayant précédé le sondage. Selon Mme Fyfe, environ 48 % des 20 à 24 ans affirmeraient avoir essayé le vapotage, contre 8 % pour la cigarette.
« Il y a une nécessité de protéger la nouvelle génération de la dépendance à la nicotine, constate-t-elle. Même si nous avons des chiffres en diminution pour le tabac, la problématique demeure, car la nicotine se retrouve dans le vapotage ».
En plus de créer une accoutumance, la nicotine est notamment pointée du doigt pour ses effets de vieillissement sur le corps, sur la santé physique, mais également sur la santé mentale. « Lorsqu’on sait que de plus en plus de jeunes affirment souffrir psychologiquement, c’est inquiétant, car la nicotine n’aide pas à ce niveau. »
C’est donc dans le but véhiculer les messages clés de la SCC par le biais d’une campagne interactive qui « colle à la réalité des jeunes » que le Nico-Bar a vu le jour. Basé sur le concept de bar, le Nico-Bar propose à ses visiteurs une expérience ludique se déclinant en plusieurs stations. « Il s’agit d’une expérience non moralisatrice », assure Michèle Fyfe. On mise plutôt, indique-t-elle, sur la sensibilisation et la transmission d’informations. « Pour ceux qui le souhaitent, on fait vivre une première expérience de cessation », ajoute-t-elle.
Dans un premier temps, les jeunes fumeurs ou vapoteurs sont accueillis au bar. À cet endroit, on leur sert des cocktails peu appétissants. « On leur explique qu’on met dans leur breuvage les ingrédients chimiques qui se retrouvent dans la cigarette et le vapotage. On s’assure également de faire des parallèles avec des produits qu’ils connaissent. Par exemple, on leur dira que l’acétone, présente dans la cigarette et les produits de vapotage, est un produit utilisé pour fabriquer le dissolvant à ongle, afin d’illustrer l’effet toxique. »
Par la suite, l’espace VJ expose la clientèle aux effets de vieillissement prématuré de la peau causés par le tabac. À l’aide d’un filtre, les participants peuvent voir leur propre visage vieilli sur l’écran de la station. « Pour le vapotage, puisqu’on ne connait pas encore les effets à long terme sur l’apparence, on a créé un filtre humoristique pour conscientiser les jeunes au fait, qu’en ce moment, nous sommes comme des rats de laboratoire, sur lesquels on teste les produits de vapotage », indique Mme Fyfe.
Enfin, les spécialistes locaux en cessation tabagique étaient sur place afin de répondre aux questions des jeunes, de les informer sur les services à leur disposition et d’accompagner les personnes souhaitant entreprendre une démarche de cessation.
Au terme de leur visite, les participants sont invités à participer au défi Nico-Bar. Lorsqu’ils s’y engagent, les jeunes vivent une première expérience de cessation en mettant de côté la cigarette ou la vapoteuse durant une semaine. « On souhaite ainsi amener un début de réflexion, de manière moins intimidante qu’une démarche de cessation complète. » Le défi est ouvert aux intéressés jusqu’en décembre. Des prix en argent sont en jeu.
Pour tous les détails ou pour visiter le Nico-Bar virtuel : lenicobar.com.